À écouter les critiques du monde, l’Église ne serait qu’un repaire d’hypocrites, assoiffés de pouvoir ou d’argent, régnant par la peur et l’ignorance sur ses fidèles depuis 2.000 ans … Il est important de prendre le temps d’en juger sereinement et objectivement, car si l’on en croit le Christ, « on juge l’arbre à ses fruits » (Lc 6, 44). L’Église est-elle un arbre de vie et de salut portant de beaux fruits, ou un mauvais arbre ne portant que des fruits amers ? Que fait vraiment l’Église ? Et qu’a-t-elle fait tout au long de l’histoire ?
La mission de l’Église, telle que l’Église la comprend elle-même, se décline en trois volets :
Ces trois volets peuvent symboliquement être mis en rapport avec trois aspects de l’Église représentés d’une certaine manière par les charismes particuliers des 3 apôtres privilégiés par Jésus, Pierre, Jacques et Jean[1] :
Cette triple mission a été portée tout au long de l’Histoire par l’Église toute entière, par les évêques, les prêtres, les religieux, et par tous les membres du peuple de Dieu - chacun selon son charisme : les saints docteurs enseignent la foi (saint Augustin, saint Thomas), d’autres assurent le ministère de gouvernement sur une Église locale (saint Charles Borromée) ou sur une nation (saint Louis), d’autres se consacrent au service de la charité (sainte Mère Teresa), à la mission (saint François-Xavier) ou à la prière (saint Bruno), etc. Avec la même complémentarité que l’on constate déjà au temps des Apôtres : « Si l’action de Dieu a fait de Pierre l’apôtre des circoncis », disait saint Paul, « elle a fait de moi l’apôtre des nations païennes » (Ga 2, 8). Entre Pierre le rocher, fondement de la structure hiérarchique de l’Église, et Jean le mystique, posant sa tête sur le Cœur de Jésus, il ne saurait y avoir d’opposition (Jn 20,4) : « Ils couraient tous les deux ensemble. »
C’est donc bien sur ces trois volets classiques que nous évaluerons l’œuvre de l’Église :
[1] Les trois disciples privilégiés que Jésus emmenait avec lui dans certaines circonstances particulières comme la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5,37), la Transfiguration (Mc 9,2), ou l’Agonie à Gethsémani (Mt 26,37) & Rome est fondé sur les martyrs de Pierre, Paul et aussi Jean, comme on l’a redécouvert récemment.