La messe étant au centre de la vie du fidèle catholique, car on y célèbre le sacrifice de l’Eucharistie, les efforts du clergé se portent sur l’établissement d’une grand-messe chantée fastueuse ayant pour but d’augmenter la ferveur religieuse des fidèles.
Le catholicisme des XVII et XVIII siècles est une religion qui se vit intérieurement mais l’intériorité ne peut pas atteindre le fidèle sans passer par l’extériorité sublime. Cette extériorité est manifestée, entre autre, par la musique.
Au début du XVII, la tradition de la musique sacrée liturgique prend deux formes : le chant grégorien (=le plain-chant) et la polyphonie a capella. Le chant grégorien qui remonte donc au haut moyen-âge a perdu de sa saveur, de sa vitalité au contact de la polyphonie même s’il reste un des éléments premiers de la liturgie... La richesse du répertoire de la polyphonie exalte davantage l’âme des fidèles.
Aux côtés de l'orgue qui s'annexe toujours des claviers nouveaux (Echo, Récit), des registres savoureux (le cornet, le larigot), des plans sonores qui- se répondent et se complètent s'il y a lieu (Titelouze doit être tenu pour le créateur de l'Ecole française de l'orgue au temps de Richelieu), voici que l'église attire des instruments à vent (le cornet d'abord, puis [1640] le serpent, enfin [Lully] les trompettes, les flûtes), des instruments à cordes aussi (gambes) et s'il le faut des percussions, un clavecin, tous éléments qui, s* agrégeant les uns aux autres au cours des années ici envisagées, éclateront en tempête orchestrale au temps de Louis XIV. Enfin, dernière manifestation qui vient à Г encontre de la tradition, la langue française fait peu à peu son apparition au lieu saint : cantilènes et cantiques, psaumes et versets semblent se détacher des histoires sacrées — les Italiens disent oratorios —, des dialogues pieux en langue populaire, chantés ou représentés sur le parvis de nos églises, pénètrent timidement dans le sanctuaire et s'y réservent parfois un rôle paraliturgique.