L'art moderne s'inscrit véritablement dans une rupture avec les autres époques. Les peintures religieuses modernes n'y ont pas échappé. Rompant avec la traditionnelle imitatio christi du Moyen-Âge ainsi que la simple représentation artistique de la liturgie et des règles dogmatiques, les peintures religieuses modernes des artistes peintres sont conçues davantage comme l'expression d'une spiritualité diffuse que d'une scène facilement identifiable.
Les peintures religieuses modernes, tout comme les autres thèmes artistiques d'ailleurs, sont devenues de plus en plus inaccessibles à un large public. En effet, les peintures religieuses modernes veulent qu'elles soient observées et analysées pour elles-mêmes et non plus seulement regardées pour identifier le passage biblique duquel est tirée la peinture.
Les peintures religieuses modernes ne sont plus comme autrefois où la question du sacré était au centre des préoccupations artistiques : elles ont laissé derrière elles cette époque où l'art religieux était le fruit d'un génie collectif. Les peintures religieuses modernes sont devenues l'expression individuelle d'un peintre, son inspiration et par-dessus tout sa spiritualité propres.
Ainsi, chaque peinture de tableau n'incite plus à chercher la trace du religieux qu'il y a en elle, mais réellement de trouver l'intérêt spirituel du tableau et l'âme de l'artiste peintre l’ayant réalisée.
Le symbolisme dans l’art manifeste un nouvel intérêt pour les sujets bibliques et particulièrement pour la représentation du Christ.
C’est vers une peinture visionnaire que se tournent fin XIX e et début XXe les peintres symbolistes comme Gustave Moreau, Puvis de Chavannes, Odilon Redon.
Les nabis qui regroupent à Pont-Aven en Bretagne de jeunes peintres : Paul Gauguin, Paul Sérusier, Maurice Denis trouvent leurs sources d’inspiration religieuse dans l’atmosphère mystérieuse de la Bretagne.
Artisan du renouveau de l’art sacré au début du XXe siècle, Maurice Denis, catholique fervent, peintre du renouveau de l’art sacré soutient. « N’est religieux dans l’art que ce qui est vivant, que ce qui jaillit de la sincérité, de la piété de l’artiste ».
Très tôt, il affirme sa vocation : « Il faut que je sois peintre chrétien, que je célèbre tous les miracles du christianisme »
Picasso, très marqué par les guerres, à toutes les époques de sa création artistique, a représenté la crucifixion pour exprimer la douleur, l’angoisse et la mort
Les couleurs sont très vives : rouges et jaunes ; C’est un picador qui perce la poitrine du Christ au lieu d’un soldat romain le flanc du Christ. Le profil de Marie-Madeleine apparait comme lors du sacrifice du taureau dans l’arène. Ici il ressort la tragédie, la passion et le sacrifice.
Marc Chagall a exprimé à travers le thème de la crucifixion ( La Crucifixion Blanche-1938) que l’humanité vit un calvaire, le Christ portant à lui seul toute la souffrance de l’humanité ;
Ainsi, dans un poème écrit dans les années 1950, Chagall voit en Jésus le symbole universel de la souffrance. « Et tel le Christ, je suis crucifié, fixé avec des clous sur le chevalet »
Parmi les plus fidèles représentants de l'art sacré de l'époque moderne figure Arcabas de son vrai nom Jean-Marie Pirot. Ses peintures contemporaines s'inspirent essentiellement de récits issus de la Bible et de paraboles sous formes de polyptiques, de cycles de tableaux ou de fresques. Arcabas est célèbre pour sa peinture religieuse moderne où il introduit dans le sacré une part de profane.
Arcabas s'est surtout fait connaître avec une œuvre monumentale qu'il a réalisé sur plus de trente ans : l'ensemble d'art sacré de l'église Saint-Hugues-de-Chartreuse à St Pierre de Chartreuse. Il s'agit de l'une des réalisations les plus abouties de l'art sacré contemporain, composée de cent onze de ses œuvres de peintures, sculptures, et mobil
Pour le peintre contemporain, l’art religieux est toute œuvre dont le thème supporte un message au moins spirituel, voire sacré, qu’elle prétend illustrer, sans pour autant coller avec la religion qu’elle évoque.
Au XXe siècle la figuration n’est pas le seul moyen pour exprimer un sujet religieux. Chez plusieurs artistes abstraits comme Piet Mondrian (Composition avec lignes), Alexeï Jawlensky (La Couronne d’épines), etc…les toiles réussissent à créer une atmosphère de recueillement et de méditation.
Cependant l’art abstrait peut certes suggérer le mystère, constituer un lieu sans équivalent pour exprimer le mystère de la beauté et de la complexité du monde au-delà de toute forme figurative, mais il ne semble pas en mesure de dire l’incarnation de Dieu en Jésus de Nazareth et l’histoire du Salut. Cependant l’Eglise ne s’est pas tenue à l’écart de ce mouvement et ne l’a pas rejeté. Cette ouverture d’esprit montre la volonté de l’Eglise de s’inscrire dans le monde contemporain tout en respectant fermement les fondements de la doctrine.
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Ces œuvres qui racontent les mystères les plus beaux et les plus grands de la foi sont vitales car leur étude permet de dépasser une simple identification du sujet, pour conduire à l’intelligence de la foi dont elles sont porteuses.
Notre œil contemporain possède moins de facultés d’aller vers les images naturelles, car nous sommes constamment sollicités par des images-signaux. Il faut donc regarder sans cesse ces peintures qui sont d’une richesse prodigieuse et constituent un trésor de l’humanité et apprendre à trouver l’invisible au cœur du visible.
L’Eglise, éclairée par l’Esprit Saint, avec une remarquable hauteur de vue, a su, toujours avec bienveillance et un grand génie, analyser positivement l’évolution de la peinture religieuse au cours des siècles, encourager les artistes à exprimer leur foi dans leurs œuvres.